La réforme de la formation professionnelle : qu'est-ce que ça change ?
Muriel Pénicaud, ministre du travail, vient d'annoncer la réforme de la formation professionnelle à partir d'un constat d'inégalité entre les cadres les plus qualifiés et les ouvriers salariés ou sans activité, tout en pointant du doigt la gérance du budget dévolu à la formation par les partenaires sociaux.
La ministre prévoit la création d'un nouveau Compte personnel de formation (CPF) ainsi que la simplification du système de gestion de la formation, sous couvert de renforcer les droits de chacun et de réduire les inégalités entre salariés. Cela risque d'engendrer cependant une restriction de la consommation en formation par les cadres.
Les mesures annoncées par Muriel Pénicaud
La ministre constate que les cadres et les personnes en poste profitent des fonds de la formation professionnelle au détriment des ouvriers moins qualifiés ainsi que des chômeurs, et que l’heure de formation continue d’un cadre coûte plus cher que celle d’un ouvrier.
En outre, la gestion du budget affecté à la formation professionnelle est inefficace car les fonds collectés ne sont que très partiellement utilisés pour la formation des chômeurs. Aussi, elle pose la refonte du CPF qui sera crédité en euros et non plus en heures pour chaque salarié, selon son degré de qualification.
Ainsi chacun disposera, selon son degré de qualification, de 5000 ou 8000 euros sur 10 ans et décidera librement de sa dépense et de son organisme de formation. De plus, une plateforme numérique comparative, mettant à disposition les avis d'autres utilisateurs, sera disponible dès 2019 pour accompagner chacun dans son choix de formation.
Par souci de transparence, la gestion des fonds destinés à la formation, jusque-là confiée aux syndicats, sera de nouveau sous le contrôle de l'Etat qui relèguera donc leurs organismes de collecte au rôle de conseil. Désormais, l’Urssaf gèrera la collecte des fonds alloués à la formation professionnelle, la Caisse des Dépôts les redistribuera et la nouvelle agence « France compétences », co-gérée par l’Etat, les Régions et les partenaires sociaux, certifiera les formations finançables.
Les failles de la réforme pour les cadres
Le budget alloué aux formations jusque-là accessibles à une minorité de cadres confirmés sera équitablement redistribué vers les travailleurs les moins qualifiés, afin de dynamiser leur employabilité ou de faciliter leur reconversion.
Dès lors, le CPF, conçu au départ pour responsabiliser les salariés, risque à terme d'affaiblir leurs droits en formation, ce qui aura pour effet d'entraîner leur individualisation et leur fragilisation, face à l'évolution constante du monde du travail affecté par les mutations numériques.
Sources :
Article sur Cadre Emploi
Guide pratique de la réforme (Document PDF à télécharger)