Emploi des cadres : un marché porteur à l’ère du numérique

2017 a été une excellente année pour le recrutement des cadres. 2018 devrait confirmer cet accroissement de la conjoncture, comme le présente cette nouvelle étude de l’APEC sur les perspectives à venir. Depuis 2011, on remarque en effet une augmentation du PIB qui s’est avérée la plus importante en 2017 (1,6 %). Cette croissance est le résultat d’un redressement général de l’activité touchant tous les domaines et en particulier les services marchands, qui servent de moteur à l’économie.

Ce contexte très favorable et les besoins en compétences à forte valeur ajoutée permettent des niveaux de recrutement jamais atteints pour les cadres. De plus, l’implantation du numérique dans les entreprises a tendance à favoriser certains profils, notamment dans certaines fonctions ou dans des secteurs comme l’informatique et la R&D.

Des opportunités pour les débutants et les seniors

Depuis cinq ans maintenant, le marché de l’emploi des cadres est de plus en plus favorable. Les profils les plus en vogue concernent d’une part les jeunes diplômés avec peu d’expérience et d’autre part les seniors pour des postes nécessitant d’être rapidement productif.

Ce qui est intéressant chez les jeunes diplômés, c’est leur formation en phase avec les besoins actuels des entreprises qui recrutent. Ils disposent de nouvelles compétences technologiques et d’une aisance dans l’usage des NTIC. L’effet d’un marché de l’emploi bien orienté ne peut être que positif sur leur insertion professionnelle. Notons tout de même que ces nouveaux profils sont difficiles à fidéliser, dans la mesure où il est complexe de répondre à leurs nombreuses attentes et à une vision de leur fonction qui n’est pas toujours en prise avec la réalité. D’autre part, il faut relever leur ambivalence entre des postes au sein des PME et des grandes entreprises, liées aux images respectives des unes et des autres. Les premières sont considérées dans l’ensemble comme plus humaines et épanouissantes mais aussi moins attractives sur le plan de la sécurité de l’emploi et de l’évolution de carrière.

En ce qui concerne les seniors, par difficulté à envisager le changement et surtout par crainte de se retrouver sans emploi, très peu envisagent la mobilité. En effet, seulement 3 % des seniors ont changé d’entreprise en 2016. L’amélioration de la conjoncture  pourrait augmenter leur confiance en l’avenir, et les voir revenir sur le marché de l’emploi en réponse à des opportunités nouvelles. Dans cette perspective, cadres et entreprises devront faire des concessions, trouver des compromis sur la rémunération, la localisation du poste, le niveau de responsabilités, etc. Les entreprises devront se défaire de leurs préjugés négatifs sur ces cadres expérimentés, réputés peu malléables, en particulier quand il s’agit de faire équipe avec de jeunes diplômés.
Néanmoins à long terme, les services RH devront gérer l’allongement des carrières, et ont donc tout intérêt à revoir leurs pratiques et à valoriser l’expérience des seniors au sein des entreprises.

Le numérique comme vecteur de croissance pour le marché de l’emploi des cadres

Comme dit précédemment, les postes ont évolué et les profils ont dû suivre la cadence. La technologisation des métiers à l’ère du numérique est l’un des vecteurs ayant permis de relancer le recrutement des cadres. L’utilisation du big data, la mobilité ainsi que le traitement en temps réel de l’information ont provoqué une grande amélioration des processus métiers dans tous les secteurs d’activité et ont conduit les entreprises à rechercher de nouveaux profils. Une augmentation significative des emplois en R&D est à noter, passant de 4 % en 2005 pour atteindre les 12 % en 2015. Dans l’industrie, cette fonction accompagne l’innovation technologie, la transition énergétique et le développement durable. Dans les services, elle permet de numériser les métiers.

L’étude de l’APEC aborde l’exemple du projet DEFI&Co, qui se propose de Développer l’Expertise Future pour l’Industrie et la Construction. Dans ce cadre, des tendances métiers nouvelles ont émergé, comme le big data dans l’industrie dont les perspectives de traitement de données paraissent vertigineuses et prometteuses ; la fabrication additive ou impression 3D ; la performance énergétique des bâtiments ; et la maîtrise de nouveaux concepts et outils concernant le pilotage d’un projet de construction ou le cycle de vie d’un produit.

La maturité numérique des entreprises impliquera aussi un développement des fonctions dans le domaine de la sécurité informatique et la prévention des risques. Les cadres y voient une opportunité pour se former à de nouvelles technologies, mais également pour envisager une nouvelle forme d’organisation du travail avec une hiérarchie moins verticale et la possibilité d’œuvrer en télétravail.

La difficulté de mise en place de cette nouvelle forme d’organisation se fait ressentir : 25 % des managers estiment que cela rendrait plus compliqué le travail des équipes. L’adaptabilité face au changement est donc encore délicate. Néanmoins 83 % des managers voient dans le numérique une occasion d’évoluer pour l’entreprise.

Un marché en transformation nécessitant une grande flexibilité

Pour conclure, face à la période de transition que toutes les entreprises connaissent actuellement, l’employabilité des cadres restera liée à leur capacité d’adaptation. En raison des nouvelles compétences attendues et de l’expansion de nouvelles formes d’emploi, la formation continue devient un enjeu essentiel pour les cadres. C’est d’autant plus vrai pour les seniors, mais aussi pour les entreprises, qui voient là un facteur de performance.

Les parcours professionnels se transforment également. En effet, il est maintenant délicat de compter sur une carrière linéaire et l’évolution dans une seule et même entreprise est difficile à envisager sur le long terme. Si le salariat reste la forme d’activité privilégiée des Français, un mixage des statuts et des formes d’emploi pourrait apporter au marché du travail la flexibilité nécessaire aux spécificités de demain.

Bien sûr, cette perspective, même si elle apparaît attrayante à la majorité des cadres, ne manque de provoquer chez eux des inquiétudes. La clé des entreprises pour réussir pendant les années à venir sera d’accompagner leurs cadres dans des parcours individualisés, avec davantage de communication et des outils déjà existants comme le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP).

Source :

Étude de l'APEC

Crédit photo : Kees Smans